Des lectrices du blog m’ont posé la question il y a quelque temps. Comment quitter un CDI quand on a eu du mal à le décrocher et sans perdre tous ses droits ?
Je me suis dit que ça ferait un bon sujet pour un article. J’ai moi-même mis deux ans à décrocher ce premier fameux CDI. Ensuite je l’ai perdu et j’ai mis trois ans à en retrouver un autre. En réalité, j’étais en intérim deux ans dans l’entreprise quand on m’a proposé ce deuxième CDI.
Ce CDI, c’est le graal. C’est le pass pour obtenir des prêts ou louer un logement. Je ne vais pas te redonner les avantages, je pense que tu les connais bien.
Mais quand ça ne va plus, comment faire pour arriver à dépasser ta peur de perdre ce CDI que tu as eu tellement de mal à décrocher ? Comment j’ai pu quitter mon CDI pour devenir indépendante (encore pire) ?
Je vais essayer de t’apporter ici des pistes de réflexions de par mon expérience sur le sujet.
👀⏱️ 9 minutesSommaire:
La peur de perdre son CDI
Le CDI (Contrat à Durée Indéterminée) c’est le Graal. L’avoir, ce sont des portes qui s’ouvrent à toi pour louer un logement, obtenir un prêt, etc.
Bien sûr, tu peux faire tout ça sans. Mais c’est plus dur. Parfois même beaucoup plus dur. Alors tu te dis que c’est mieux de l’avoir. Ça rend les choses plus faciles pour la suite.
Mon premier CDI, j’ai mis plus de deux ans à le décrocher après mon diplôme d’ingénieur. Avant, j’ai enchaîné les longues périodes de chômage non indemnisé et quelques petits boulots d’été en intérim ou en CDD.
J’ai bien galéré et j’ai eu la chance d’avoir un toit et un homme qui a toujours cru en moi. C’était une période pas facile, pleines de doutes et d’échecs. Je me souviens avoir ouvert mon tout premier blog parlant de ma recherche d’emploi en ce temps-là.
À cette époque, j’aurais pris tout ce qui venait, n’importe quel contrat de travail. Mais rien. J’enchaînais les entretiens d’embauches dans des sociétés de services qui ne souhaitaient que se construire un annuaire de jeunes diplômés.
Un jour, j’ai vu passé une annonce avec pile ce que je voulais faire, mais avec le niveau de technicien. Au point où j’en étais, j’étais surtout heureuse de trouver un boulot qui soit dans ma branche adorée. J’ai postulé et on m’a choisi pour le job. En CDI en plus ! C’était la fête. Je l’avais enfin.
Mon premier CDI
La première année, je me suis sentie comme dans une famille dans cette entreprise. J’étais vraiment heureuse.
Puis, après le rachat de l’entreprise, la deuxième année fut une horreur. Le dirigeant m’avait prise en grippe et j’ai fêté ma deuxième année de CDI avec un licenciement. Reconnu abusif par la suite. C’est important de le notifier, car j’ai enchaîné les entretiens et ce n’est que juste après la décision de justice que j’ai décroché un autre contrat.
Moralement, ce licenciement m’a fait beaucoup de mal. Je me suis sentie comme rejetée. Je me suis demandé : pourquoi moi ? J’avais mis tant de temps à décrocher ce Graal qu’on me l’enlevait déjà !
Le licenciement a été reconnu abusif et ça m’a fait remonter mon estime de moi. Non, ce n’était pas ma faute.
Et finalement, c’était la meilleure chose qui pouvait m’arriver ! Que serais-je devenue si on ne n’avait pas mise dehors ? Dans cette entreprise qui était devenue invivable ?
C’est sûr que les quelques mois passés en tant que demandeur d’emploi à pointer chez Pôle Emploi n’étaient pas les plus géniaux.
Mais suite à cette première expérience en CDI, j’ai quand même vite trouvé une mission intérim dans un grand groupe. C’était super, j’ai vécu 4 mois fabuleux. Mais bon, passer d’une PME à un grand groupe, j’ai vu que les fonctions sont bien plus délimitées. Trop pour moi de toute façon.
Mais grâce à cet intérim, j’ai tissé des liens avec mon agence et j’ai vite retrouvé une nouvelle mission. Dans une entreprise un peu plus petite, mais assez grande quand même. Au total, j’y ai réalisé à peu près deux ans de missions, j’ai expérimenté plusieurs services sur la fin. Malgré l’incertitude de l’intérim, c’était mes plus belles années de boulot.
Ce 2ème CDI que j’ai quitté…
Mais voilà. Au bout de deux ans, on m’a proposé un vrai CDI. J’allais avoir 32 ans. On voulait un plus grand appart et fonder une famille… alors j’ai accepté en me disant que ça sera quand même plus facile avec. C’est ce CDI que j’ai quitté fin 2019.
41 ans, deux CDI au compteur dont un que je n’ai pas choisi de quitter.
Quitter mon CDI, c’était pour moi, mettre fin de moi-même à ma sécurité. Déjà que je ne voulais pas changer de CDI par peur de ne pas pouvoir prendre de congés payés pendant un an… (oui, j’en étais là).
L’intérim c’était vraiment chouette, mais c’était bien pour les années où je n’avais pas d’enfants. Je n’avais pas encore les contraintes d’aujourd’hui.
Tu t’accroches peut-être toi aussi à quelque chose supposé t’apporter de la sécurité. Mais au-delà du fait du morceau de papier, le graal pour les banquiers et les propriétaires bailleurs, que t’apporte t-il d’autre ?
C’est la question que je me posais les derniers mois avant mon séjour à l’hôpital. Est-ce que je ne restais pas pour de mauvaises raisons ?
Les (mauvaises) raisons de ne pas quitter un CDI
Plutôt que de te dire quelles sont les bonnes raisons de quitter ton CDI, tu peux poser le problème à l’envers.
Parce que de bonnes raisons de quitter ton CDI, il n’y en aura jamais assez, surtout si tu n’as rien en vue de très concret derrière. Moi avec mon idée de travailler à la maison et de vivre de mon blog… tu imagines bien que face à l’inconnu, c’était pas étonnant que je n’osais pas franchir le pas.
Si j’ai finalement osé, c’est parce que mon corps m’a donné une alerte et que j’ai su l’écouter.
Mais toi, tu peux peut-être éviter d’en arriver là… Alors voilà, je te partage quelques mauvaises raisons qui m’empêchaient de quitter mon CDI.
Je vais perdre mon salaire, mon statut et mes avantages
Sans avoir rien de concret derrière, juste une idée, un rêve un peu farfelu ? Et oui, qui arrive à vivre de son blog ? La bonne blague.
Ce que je risque surtout, c’est de perdre mon salaire qui tombe tous les mois. Il n’est pas mirobolant, mais il me permet de bien vivre sans soucis du lendemain.
Mon statut de cadre, avec la retraite complémentaire plus tard. Je suis ultra-prévoyante. J’aime me dire que le mon salaire d’aujourd’hui contribue à ma future retraite.
Et mes avantages, les congés payés surtout. 6 semaines garanties par an plus quelques RTT. Mon temps partiel à 80 % accepté par mon employeur. Plus les quelques petits avantages du CE.
Pour le salaire OK. Mais pour le moment, j’arrive à vivre avec un peu moins et aussi bien. J’ai même gagné en qualité de vie. Je n’ai plus de soucis à me faire quand il y a des grèves à l’école. Je peux être dispo pour garder les enfants.
Pour la retraite, je me fais bien rire. C’est bien de penser à la retraite, mais qu’est-ce que je pourrai attendre du niveau de ma pension plus tard avec le système actuel ? Tout est gelé et d’ici là, peut-être qu’il nous restera peanuts. Tu vas me dire qu’avec un salaire, je peux plus facilement épargner, pas faux. Mais pas forcément vrai non plus.
Et les avantages, ben, est-ce qu’il me manqueront vraiment ? Aujourd’hui, je peux te dire que non.
Je ne vais jamais réussir à trouver un autre travail
Ben oui, tu me vois moi ? Deux ans avant mon premier CDI, près de trois ans d’intérim avant mon deuxième CDI.
Contrairement à certains autres, je ne décroche pas facilement du boulot. Alors, partir de mon plein gré ?
D’autant plus que je suis en plein questionnement. Je n’ai plus envie de faire ce que je fais là, de cette façon-là. Mon métier pour lequel j’ai fait des études n’existe plus. Je ne sais pas vraiment quoi faire non plus.
Et je vais me jeter comme ça dans l’inconnu sans rien ? Laisse-moi rire.
Ah, il en faut du courage pour quitter un CDI quand on a vraiment rien derrière.
Tu peux aussi lire Changer de travail, mais pour faire quoi ?
L’herbe ne sera pas plus verte ailleurs
Pourquoi partir pour retrouver la même chose ailleurs dans quelques mois, passé la nouveauté ?
Parce que je sais bien que ça fonctionne (presque) partout pareil. Au début, tout est tout beau tout neuf. C’est attrayant.
Et puis quand j’aurais creusé, je retrouverais les mêmes catégories de collègues. D’autres inconvénients. Et je pleurerais mon ancien poste et l’ancienneté perdue.
Voilà, je regrette déjà d’être partie sans encore avoir mis un pied dehors… J’en étais tellement persuadée moi-même que je ne me disais même plus que j’irais voir ailleurs.
J’arrivais même à persuader les autres de mon affirmation !
Je n’abandonne pas, moi !
Une petite dernière.
Je suis déterminée et persévérante. Deux qualités, mais pas quand tu te poses la question de quitter ton boulot.
Petit rappel, mon premier CDI, je l’ai quitté de force. Parce qu’on m’a mise dehors.
Non, moi, je ne suis pas du genre à abandonner !
Quelque part, je me suis toujours demandé si désespérément, je n’attendais pas qu’on me licencie.
J’ai eu du mal à décrocher ce CDI, maintenant que je l’ai, pas question de le lâcher. C’est un peu paradoxal quand on y pense, mais parfois le mental peut nous pousser loin inconsciemment.
Voilà les quelques mauvaises raisons qui me faisaient faire du sur-place. Alors même que je ne me sentais plus à ma place. Ton état d’esprit y est pour beaucoup. Qu’est-ce que tu pourrais faire pour adopter le bon état d’esprit pour sortir de ses pensées négatives ?
Découvre aussi mon article sur Comment déterminer le bon moment pour se lancer dans un projet ?
Adopte le bon état d’esprit
Ton travail actuel te rend-il heureuse ? Te sens-tu épanouie ?
Si non, tu dois revoir ta posture et changer ton état d’esprit.
Tu as peur et c’est normal. Mais si tu continue de ressasser du négatif, tu n’en tireras rien de positif. Et tu n’avanceras pas. Pire, ça peut te mener au burn-out.
Tu peux lire aussi Ma peur du changement de vie professionnelle.
Que risques-tu à ne pas quitter ton CDI ?
Quel est le prix que tu es prête à payer à ne pas oser partir ?
Là, je ne parle pas salaire, statut ou avantages. Tout cela est finalement matériel.
Je parle de ta vie de famille, de ta santé, de ton estime de toi.
Es-tu prête à continuer de sacrifier ta vie de famille ? Qu’est-ce qui est le plus important pour toi, le travail ou être disponible pour tes enfants ?
Si tu n’es pas heureuse au travail, je suis sûre que tu ressens déjà des « petits » ennuis de santé. Oh, tu te dis que c’est pas bien grave. Que ça va passé avec un peu de médicaments.
Je n’écoutais pas mes maux. Même le jour où j’ai eu un flou visuel durant une vingtaine de minutes, quand c’était revenu à la normale, j’avais aussi vite oublié. Résultat, 6 jours plus tard, j’étais aux urgences neurologiques.
Alors es-tu prête à sacrifier ta santé ?
Et puis, si tu restes par dépit, ta confiance en toi va se réduire en miette. Tu ne deviendras plus qu’un pion parmi un autre dans ton entreprise. A suivre le mouvement sans oser protester ou à peine, juste pour dire de. En as-tu envie ?
Aujourd’hui, avec la rupture conventionnelle, il est facile de rompre son contrat et de toucher le chômage. Alors profitons-en.
Tu as besoin d’avoir confiance en toi
Pour trouver un nouveau travail, indépendant comme moi ou pas, tu vas avoir besoin de ta confiance en toi.
Plus tu resteras à ne rien faire et laisser couler, plus tu perdras ta confiance en toi, moins tu seras capable de trouver autre chose.
Pense positif
Le négatif attire le négatif, le positif attire le positif.
Si tu vois le mal partout, c’est sûr et certain que tu ne vas pas bouger.
Apprend à ouvrir tes yeux et tes oreilles. Tu verras que d’autres ont quitté leur travail sans avoir rien derrière et ont trouvé un boulot épanouissant.
L’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs, OK. Mais ça ne veut pas dire qu’elle est moche partout ailleurs. Il y a quelques endroits où elle est belle.
A toi de les trouver…
J’espère que cet article te sera utile pour ne plus avoir peur de quitter ton CDI. N’hésite pas à laisser un commentaire, je serais ravie de savoir ce que tu en as pensé.
👉 Tu as une idée de business, mais tu ne sais pas si elle est bonne ? Teste ton idée d’entreprise facilement grâce à ce cours de 5 vidéos gratuites (avant même de penser business plan).
Cet article t’a plu ? 📍 Épingle-le sur Pinterest pour le retrouver plus tard 😉
Retrouve la sérénité et un meilleur équilibre de vie grâce à mon autre blog Harmonie & Plénitude.
🌿 Découvrir le site Harmonie & Plénitude 🌺
Pour aller plus loin, tu peux aussi lire ces articles:
Burn-out: 3 pistes à explorer avant de quitter ton emploi
Comment préserver ta santé mentale en entreprise
Démission et chômage font-ils bon ménage ?
Sauf mention contraire sur la photo, celles-ci proviennent du site Pixabay ou Pexels.
Certains liens dans cet article sont affiliés. Cela signifie que je touche une commission si tu achètes en cliquant sur ce lien, sans que le prix soit plus élevé pour toi. Un grand merci pour ton soutien !
Coucou. Tout ce que tu dis est bien vrai, et je m’y retrouve totalement. Mais c’est vrai que c’est très dur d’arriver à lâcher tout ça sans rien avoir de concret derrière. Aussi bien pour soi, mais aussi pour son entourage. Je ne vois pas comment argumenter l’abandon d’un CDI pour un projet qui n’existe pas encore… C’est très compliqué je trouve, même si la qualité de vie avec les enfants est déjà un bon argument, mais pas suffisant pour mon entourage. Bisous
Coucou Lina !
Je te comprends bien.
Mais dis-toi que tu pars rarement sans rien. Certains ont besoin de lâcher leur boulot pour être pleinement disponible et avancer dans de nouveaux projets.
Sinon, la deuxième solution, c’est de travailler sur un nouveau projet en parallèle. Mais avec des enfants à gérer, il faut être organisée !
Belle journée,
Adeline
La société aujourd’hui nous a tellement conditionné que le simple fait de penser à quitter un job nous fait remonter tous plein de peur (mon crédit de la maison, non j’ai des enfants, mon niveau de vie, etc…) et on reste donc bloquer.
Dans la vie il ne faut pas avoir de plan B mais uniquement un plan A.
Salut Alex,
Oui, c’est un peu ça.
J’ai mis du temps à chercher un plan B… et je ne l’ai toujours pas trouvé d’ailleurs 🙂
Par contre, je dirai qu’il ne faut pas attendre un burn-out pour aller vers son plan A 😉
Au plaisir de te revoir sur le blog,
Adeline